PORT-LOUIS
J’apprivoise le chemin d’herbes. La terre friable glisse par endroits. Les
rochers couverts de lichen semblent bouger au soleil. Ombres dansantes des
nuages. Quelques mouettes gémissent au loin sur l’île aux Souris. La marée est
basse et des flaques scintillent entre les algues noires.
Je me suis assise sur un rocher face à la mer. Le soleil et une petite
brise sur le visage. J’ai regardé la mer et j’ai commencé à dessiner des mots
en pensée. Ils avaient la forme d’une île, chaque syllabe le grain de sable
d’une plage encore déserte. Ils avaient le bruit léger des vagues, le
froissement des ailes dans le bleu.
Puis j’ai regardé mes mains. Paume tournée vers le ciel. Les veines comme
des branches fines dépourvues de feuilles. Arbre d’hiver figé dans la neige de
la mémoire. Le visage flou d’une petite fille qui me ressemble. Joue-t-elle
encore dans un coin de ma tête ?
Les yeux se plissent. La lumière dans les mains ricoche sur les ridules
des rochers. Déjà huit ans et les
souvenirs qui s’effilochent. Un papillon blanc volète tout près de moi. Il
semble venu du large. Messager du silence.
La mort n’a pas de visage. Quand elle vient, pourtant, on la reconnait.
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