vendredi 31 octobre 2014

L'UNIVERS DE... LYDIA PADELLEC



PORT-LOUIS



J’apprivoise le chemin d’herbes. La terre friable glisse par endroits. Les rochers couverts de lichen semblent bouger au soleil. Ombres dansantes des nuages. Quelques mouettes gémissent au loin sur l’île aux Souris. La marée est basse et des flaques scintillent entre les algues noires.

Je me suis assise sur un rocher face à la mer. Le soleil et une petite brise sur le visage. J’ai regardé la mer et j’ai commencé à dessiner des mots en pensée. Ils avaient la forme d’une île, chaque syllabe le grain de sable d’une plage encore déserte. Ils avaient le bruit léger des vagues, le froissement des ailes dans le bleu.

Puis j’ai regardé mes mains. Paume tournée vers le ciel. Les veines comme des branches fines dépourvues de feuilles. Arbre d’hiver figé dans la neige de la mémoire. Le visage flou d’une petite fille qui me ressemble. Joue-t-elle encore dans un coin de ma tête ?

Les yeux se plissent. La lumière dans les mains ricoche sur les ridules des rochers.  Déjà huit ans et les souvenirs qui s’effilochent. Un papillon blanc volète tout près de moi. Il semble venu du large. Messager du silence.

La mort n’a pas de visage. Quand elle vient, pourtant, on la reconnait.

J’aspire profondément. La brise iodée parfume mes lèvres. Derrière l’ile, le bleu immense. Mer ou ciel, on ne sait. La ligne d’horizon disparaît dans la brume qui se lève. Le cri d’un oiseau déchire l’espace. J’attends le poème et ce baiser qui ne viendra plus.  

  


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