samedi 6 juin 2020

VERSO N°181 : TERRE DES MOTS


Au sommaire de ce numéro :

Marie-Laure Adam, Bernard Barthuet, Antoine Bertot, Patrice Blanc, Ferruccio Bugnaro, Stéphane Casenobe, Patricia Castex-Menier, Sébastien Cochelin, Murielle Compère-Demarcy, Paul Dalmas-Alfonsi, Michel Gendarme, Pierre Gondran, Hubert Gréaux, Emeline Houël, Kiko, Olivier Millot, Jean Monnet, Patrick Picornot, Julien Rubiloni, Jasna Samic, Saslae, Anne Soy, Line Szöllösi, Charles Vanhecke, Florian Vasseur, Gabriel Zimmermann.

Chroniques de Marinette Arabian (souvenirs), Jacques Sicard (cinéma), Pascale Giavonnetti (consacrée à la poésie de Jules Supervielle), Miloud Keddar (Art et Poésie), Christian Degoutte (revues), Valérie Canat de Chizy, Jean-Christophe Ribeyre et Alain Wexler (recueils).

Extraits

Emeline Houël

Il faudra convoquer les souvenirs - 
Et une dernière fois
Se fondre dans la brume

Il faudra se rappeler les légendes -
Et retrouver sur la grève
L'ombre du bateau fantôme

Il faudra sentir encore
L'odeur du printemps austral
Parmi les arbres et la mousse

Il ne faudra pas oublier
Le goût iodé des oursins, et le vent,
La bière brune, la mer et les genêts

Il faudra garder au creux des mains
Le froid du Sud.

*

Anne Soy

rien
une odeur des année 30
et de vieilles idées sans complexe

notre continent ferme les portes et les yeux
aux transhumances humaines
la tache brune se pavane

     tout le ciel tremble

rien
le vent se lève
la puanteur se répand

rien
     un avis de tempête imminente

*

Patricia Castex-Menier

Contrées 
de vie sèche,

pays de soif,

qu'ils
n'ont même plus la force
de parcourir.

Se
coucher alors,

on 
leur a chanté que la mort
fonctionne par écluses

des
écluses pour attendre sous terre

d'être
enfin à niveau avec le ciel.

jeudi 9 avril 2020

GUY CHATY

Guy Chaty nous a quittés le 7 avril 2020, des suites du Covid-19. Il était très apprécié de l'équipe de Verso et sa disparition nous attriste profondément.

Il avait été publié, entre autres, dans le numéro 175 de la revue (décembre 2018).


Ses textes, non dénués d'humour, évoquent souvent l'absurde, le rapport entre rêve et réalité, le dédoublement, aussi. Ce qui arrive à un autre que soi, l'autre soi-même. Dans son recueil J'avais quelque chose d'urgent à me dire (Henry, 2015), il parle de son double :

     J'ai un double. Nous avons chacun notre vie et nous retrouvons la nuit pour parler de notre cheminement.
     Le jour, nous risquons peu de nous rencontrer car nous vivons dans deux univers presque parallèles. Une fois seulement, j'ai aperçu mon double. Dans une rue d'Istanbul. J'ai été sidéré, suis resté figé. Il était sur le pont près des mosquées, regardant le Bosphore. Je ne voulais pas lui parler, je me suis sauvé car il était indécent que nous ayons un contact sous la lumière du soleil.
     La nuit, enfin, nous ouvre les bras.


Guy Chaty était membre du comité de rédaction des revues Poésie/première, Interventions à Haute Voix et Poésie-sur-Seine.

   

     

mercredi 8 avril 2020

VERSO N°180 : BARQUES SANS FOND



Au sommaire de ce numéro :


Tristan Allix, Marinette Arabian, Bernard Barthuet, Patrice Blanc, Jean-Michel Bongiraud, Olivier Bonhomme, Jacques Bonnefon, Muriel Carminati, Muriel Carrupt, Stéphane Casenobe, Chantal Couliou, Carole Dailly, Virginie Delahaye, Ludovic Elzea, Hubert Fréalle, Véronique Joyaux, Jacquy Joguet, Maria Lhortola, Alain Jean Macé, Alain Magaud, Fabien Marquet, Samuel Martin-Boche, Jacques Merckx, Mermed, Myriam Monfrond, Nicolas Pain, Jean-Paul Prévost, Stéphane Robert, Chantal Robillard, Christine de Rosay, Saslac, Eric Savina, Barbara Savournin, Charles Vanhecke.

Photo de couverture : Alain Wexler ; illustrations de Michel Julliard, Lydia Padellec (acryliques), Artémis Fréalle-Riby (photographies), Fischmann, Henry Reynard, Alain Wexler (photographies). 

Chroniques de Marinette Arabian (souvenirs), Jacques Sicard (cinéma), Miloud Keddar (art et poésie), Oriane Papin (couleurs), Christian Degoutte (revues), Alain Wexler et Valérie Canat de Chizy (recueils de poésie). 


EXTRAITS

Chantal Couliou

L'île insaisissable
cousue
de vents et de mystères
trône
au creux du silence.
Vivre
à son bord
est tout un art.

Au fil des tempêtes
la barque s'est usée
à se frotter
au vent qui brouillait
les itinéraires.

Aujourd'hui,
elle n'attend plus rien.
Elle est juste là.

**

Véronique Joyaux

Tu es le papier blanc qui précède les mots
le voyageur tout emmêlé de pluies
Au plus profond de toi tu caches une rumeur
et tu avances sur la terre
tu suis ses sillons réguliers
jusqu'au bout de toi-même.

*

Le jardin s'allonge le long des murs chauds
Une seule porte à franchir
Juste quelques pas
pour que chacun aille au bout de soi-même.

**

Bernard Barthuet

Dur roc
Dure montagne
Que la prairie apaise en les mouillant de vert
Au bruit de l'eau
Coulant à l'infini du temps
Lorsque le ciel couvre de bleu
Un monde où tout s'oublie.

Vivre l'instant,
L'attente,
Paisible,
Tranquille,
Que les troupeaux reviennent.

**

Carole Dailly

Intense lointain
La nuit commence
Enlace-moi
C'est l'heure abstraite
Après le jour, avant la nuit
Bleu outremer
Un sang rêvé
`A portée de mains
Ta peau ressort
Ta chair de lune
Chaleur diaphane
Une joie blanche,
Nos formes changent

mercredi 4 mars 2020

LECTURE VERSO DU 7 FEVRIER 2020

La lecture Verso du 7 février 2020 a réuni Marie-Ange Sebasti et Christian Moncel.

Marie-Ange Sebasti a lu des extraits de son dernier recueil, "La caravane de l'orage" (Jacques André éditeur), ainsi qu'un poème issu de l'anthologie "Etais", dirigée par et avec les photographies de Jean-François Agostini.





Christian Moncel, qui dirige "La petite revue de l'indiscipline", nous a parlé de Léonard de Vinci, dont il est question dans plusieurs numéro de sa revue.






mercredi 5 février 2020

L'UNIVERS DE... NICOLAS ROUZET


La nuit, Svéa pense à Jacques.

 A ses mains, ses regards.

Elle se déshabille entre l’armoire à glaces et la fenêtre ouverte sur les montagnes. Il fait presque aussi noir maintenant qu’on pourrait croire que le silence va se marier avec l’ombre.

Elle frôle de ses mains son corps encore engourdi par la chaleur du jour et du vin. Elle enfile une chemise de nuit. Blanche comme la lune. Elle est persuadée que Jacques la regarde. Quelque part, là-haut… perché sur le tilleul en face de la fenêtre.

Et la nuit est un gouffre qui nous surplombe.

Et toute la beauté du monde tient dans ce murmure du vent sur les feuillages.

La vie est faite de petits riens, se dit-elle.

Cette chambre est comme une barque ballotée par les eaux, et le vent vient nous dire quelque chose de très simple

 dont le sens perdu se ranimera au fil des souffles…


( extrait d’un récit inédit « sur le balcon » )

Nicolas Rouzet




Bibliographie sélective


Villa mon rêve, éditions Mazette, 2019
Terminus Nord, La Porte, 2016
Il fait tard dans ma nuit, La Porte, 2013
La visiteuse, MLD, 2011
Au seuil de la demeure, Encres Vives, 2004

Anthologies

Cent poètes de méditerranée, Jacques Basse, Rafaël de Surtis, 2012
Visages de poète, tome 2, Jacques Basse, Rafaël de Surtis, 2009

Liens