Au sommaire de ce numéro :
William Shakespeare (traduit par Mermed),
Elsa Hieramente, Katia Roessel, Gérard Lemaire, François Charvet, Patrice
Blanc, Marc Bonetto, Mermed, Grégory Parreira, Pierre Rive, Laurence Skivée,
Jeanpyer Poëls, Amine Mouaffak, Hubert Gréaux, Margaux Frasca, Charles Frouin,
Murielle Compère-Demarcy, Jean Bensimon (nouvelle), Anne Gumy, Olivier
Billottet, Jean Monnet, Julio Rubio, Lodi, Eric Jouanneau, Philippe Mollaret,
Christian Belloir, Hubert Fréalle & Antony Croiset, Jean-Paul Prévost,
Patrick Picornot, Thomas Lacomme, Nicolas Saeys, Dirk Christiaens, Alain Jean
Macé, Eric Savina.
EXTRAITS :
Katia Roessel
terre et brume
ce vortex par le mal
ô – palmier ornemental du phénix
qui eût délaissé les nôtres, érodés
et poussifs.
qui es-tu, de l’écriture fertile.
les liens se défont
et regarde voici, ton fils et ta mère
–
portes si majestueuses, si hautes en
leur modestie
ou leur somptuosité à l’image de
cette terre abandonnée
où une tête de loup surplombe la
lutte entre les animaux
qui tentent de se dépêtrer du piège
tendu par une
myriade de fleurs fanées…
le soir splendide – le matin neuf.
seulement à la différence de ceux-ci,
dont rien ne saurait
ternir le lustre ni la fécondité,
elles sont, les personnes
vouées à perdre, morceau par morceau,
la haute perfection
et la toute-puissance qui les
habillaient à nos yeux.
Gérard Lemaire
L’homme fort
A besoin des faibles
Sans eux il
Ne peut jouir de sa force
Les regarder et même les inventer
Sert à lui faire oublier
Oublier sa condition définitive
Oublier sa mort qui viendra un jour
Ainsi la mort ne concerne
Que les faibles
Leurs sacrifices et leurs martyrs
Lui confèrent une satiété inespérée
Les faibles existent pour son bonheur
Ils doivent exister pour qu’il se
sente bien
Patrice Blanc
Hors du temps
Tu finiras ton ventre
dans l’huile des routes
où sèchent les déchets
Tes mains survolent
la pierre
où brûle une étoile
où les mots
donnent à boire
Dans les casiers des nuages
la vie moule sa peine dans
la pâleur elle traîne son
visage de chiffon
et mâche l’air du ciel
Tu tireras tes cils de
sirène de tes doigts
d’algue et d’herbes
Dans l’errance de l’encre
j’irai boire à ta peau tu
seras mon buisson ma
fièvre et mes odeurs tes
yeux blancs sous les îles
encore porteront ta parole
naissance et force
de ma chair
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