vendredi 28 septembre 2018

VERSO N°174 : À QUI EST LA POMME ?




Au sommaire de ce numéro :



  William Shakespeare (traduit par Mermed), Elsa Hieramente, Katia Roessel, Gérard Lemaire, François Charvet, Patrice Blanc, Marc Bonetto, Mermed, Grégory Parreira, Pierre Rive, Laurence Skivée, Jeanpyer Poëls, Amine Mouaffak, Hubert Gréaux, Margaux Frasca, Charles Frouin, Murielle Compère-Demarcy, Jean Bensimon (nouvelle), Anne Gumy, Olivier Billottet, Jean Monnet, Julio Rubio, Lodi, Eric Jouanneau, Philippe Mollaret, Christian Belloir, Hubert Fréalle & Antony Croiset, Jean-Paul Prévost, Patrick Picornot, Thomas Lacomme, Nicolas Saeys, Dirk Christiaens, Alain Jean Macé, Eric Savina.




EXTRAITS :

Katia Roessel

terre et brume

ce vortex par le mal
ô – palmier ornemental du phénix
qui eût délaissé les nôtres, érodés et poussifs.
qui es-tu, de l’écriture fertile.

les liens se défont
et regarde voici, ton fils et ta mère –
portes si majestueuses, si hautes en leur modestie
ou leur somptuosité à l’image de cette terre abandonnée
où une tête de loup surplombe la lutte entre les animaux
qui tentent de se dépêtrer du piège tendu par une
myriade de fleurs fanées…

le soir splendide – le matin neuf.
seulement à la différence de ceux-ci, dont rien ne saurait
ternir le lustre ni la fécondité, elles sont, les personnes
vouées à perdre, morceau par morceau, la haute perfection
et la toute-puissance qui les habillaient à nos yeux.



Gérard Lemaire


L’homme fort
A besoin des faibles

Sans eux il
Ne peut jouir de sa force

Les regarder et même les inventer
Sert à lui faire oublier

Oublier sa condition définitive
Oublier sa mort qui viendra un jour

Ainsi la mort ne concerne
Que les faibles

Leurs sacrifices et leurs martyrs
Lui confèrent une satiété inespérée

Les faibles existent pour son bonheur
Ils doivent exister pour qu’il se sente bien


Patrice Blanc

Hors du temps

Tu finiras ton ventre
dans l’huile des routes
où sèchent les déchets
Tes mains survolent
la pierre
où brûle une étoile
où les mots
donnent à boire

Dans les casiers des nuages
la vie moule sa peine dans
la pâleur elle traîne son
visage de chiffon
et mâche l’air du ciel

Tu tireras tes cils de
sirène de tes doigts
d’algue et d’herbes

Dans l’errance de l’encre
j’irai boire à ta peau tu
seras mon buisson ma
fièvre et mes odeurs tes
yeux blancs sous les îles
encore porteront ta parole
naissance et force
de ma chair

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