Valérie Canat de Chizy a recensé le livre de Geneviève Raphanël (invitée de la lecture du 19 mai 2017), sur le site Terre à ciel.
Nous reproduisons sa chronique ci-dessous :
Geneviève Raphanël, Temps d’ici et de là-bas. Rougerie, 2016
Geneviève Raphanël nous offre un recueil à la lenteur envoûtante. L’écriture avance au rythme de la marche du cheval, du tintement du grelot, du regard porté sur le paysage. Un paysage en demi-teintes, noir, gris, blanc, comme les photos d’autrefois. Le temps de là-bas n’est pas un temps de couleurs et de joie, mais est le temps d’antan, aux âmes grises. Il y a l’absence, les regrets, ceux qui ne sont plus. Il y a la guerre, peut-être celle de 14-18, les soldats, les morts. Geneviève Raphanël évoque un temps révolu, où l’on entendait le roulement des charrettes, où existaient encore des métiers comme celui de chiffonnier. Si l’ombre plane sur le recueil, il n’en demeure pas moins que celui-ci diffuse une douceur apaisante. Ici, le mouvement est bercement ; ni cris, ni agitation, mais frémissement, tintement. Nous sommes en présence d’infimes manifestations de la vie, une vie en pointillés, celle de la campagne, dans laquelle se manifeste juste ce qui est, dans la nature et le vivant.
À l’entour
des oiseaux taisent
leur rire
bosquets clairsemés
nuages aux guenilles
tremblotantes
Ainsi, on n’attend rien / Du linge sèche sur la corde.
La joie émerge du temps d’ici, celui de l’instant, quand volent / papillons et pétales / blancs. Mais ce temps d’ici n’est-il pas encore celui d’autrefois, revisité ? Ainsi, les temps se superposent, le présent revêt les parures du souvenir. Le souvenir, qui émerge parfois distinctement, comme à la fin du recueil, quand la poète se souvient d’elle, petite.
Un lit blanc. Les montants ont des boules de cuivre qui luisent à la lueur du feu. Lit d’enfant qui dure, qui est passé de chambre en chambre, qui a traversé le temps, on dirait.
Boules de neige, boules de feu, boules de cuivre qui étincellent à la clarté des flammes.
Je m’agrippe aux barreaux. Je veux voir la neige tomber.
[…]
On cherche le plus vieux souvenir.
https://www.terreaciel.net/Lu-et-approuve-janvier-2017#.WSLA3W6kIdV
Nous reproduisons sa chronique ci-dessous :
Geneviève Raphanël, Temps d’ici et de là-bas. Rougerie, 2016
Geneviève Raphanël nous offre un recueil à la lenteur envoûtante. L’écriture avance au rythme de la marche du cheval, du tintement du grelot, du regard porté sur le paysage. Un paysage en demi-teintes, noir, gris, blanc, comme les photos d’autrefois. Le temps de là-bas n’est pas un temps de couleurs et de joie, mais est le temps d’antan, aux âmes grises. Il y a l’absence, les regrets, ceux qui ne sont plus. Il y a la guerre, peut-être celle de 14-18, les soldats, les morts. Geneviève Raphanël évoque un temps révolu, où l’on entendait le roulement des charrettes, où existaient encore des métiers comme celui de chiffonnier. Si l’ombre plane sur le recueil, il n’en demeure pas moins que celui-ci diffuse une douceur apaisante. Ici, le mouvement est bercement ; ni cris, ni agitation, mais frémissement, tintement. Nous sommes en présence d’infimes manifestations de la vie, une vie en pointillés, celle de la campagne, dans laquelle se manifeste juste ce qui est, dans la nature et le vivant.
À l’entour
des oiseaux taisent
leur rire
bosquets clairsemés
nuages aux guenilles
tremblotantes
Ainsi, on n’attend rien / Du linge sèche sur la corde.
La joie émerge du temps d’ici, celui de l’instant, quand volent / papillons et pétales / blancs. Mais ce temps d’ici n’est-il pas encore celui d’autrefois, revisité ? Ainsi, les temps se superposent, le présent revêt les parures du souvenir. Le souvenir, qui émerge parfois distinctement, comme à la fin du recueil, quand la poète se souvient d’elle, petite.
Un lit blanc. Les montants ont des boules de cuivre qui luisent à la lueur du feu. Lit d’enfant qui dure, qui est passé de chambre en chambre, qui a traversé le temps, on dirait.
Boules de neige, boules de feu, boules de cuivre qui étincellent à la clarté des flammes.
Je m’agrippe aux barreaux. Je veux voir la neige tomber.
[…]
On cherche le plus vieux souvenir.
https://www.terreaciel.net/Lu-et-approuve-janvier-2017#.WSLA3W6kIdV
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