Au sommaire de ce numéro :
Tristan Allix, Patrice Blanc, Gabrielle Burel, Chloé Charpentier, François Charvet, Irène Duboeuf, Mélanie Fourgous, Hubert Fréalle, Michel Gendarme, Valérie Grégoire, Anéis Karouëne, Miloud Keddar, Kiko, Gérard Lemaire, Michel L'hostis, Lodi, Alain Jean Macé, Eric Von Neff, Didier Ober, Grégory Parreira, Christophe Petit, Patrick Picornot, Stéphane Robert, Nicolas Rouzet, Estelle Sciortino, Pauline Ségalat, Michel Serraille, William Shakespeare, Gildas Veneau, Florence Vivant, Sanda Voïca, Catherine Zittoun.
préface par alain wexler
Soyons
hommes & femmes livres
Préface ou éditorial ? Un chef
d’état retenu dans un lieu peu recommandable, pendant toute une nuit, un
pistolet sur la tempe afin qu’aux pillards, son pays soit livré, où cela
s’est-il vu, où cela s’est-il vu ? Que cette nation soit le berceau de la
démocratie et du théâtre, est-ce un hasard ? Que ce fût là aussi que l’on
célébra l’intelligence – lire l’Odyssée – que des hommes censés gouverner
l’Europe refusent aux peuples de ce continent de choisir la façon dont ils
seront gouvernés, cela s’est-il vu, cela s’est-il vu ? Oui malheureusement sous
la botte nazie. Il faut que cela soit dit. Sinon quel sens donner à la liberté
? Quelle poésie sans liberté ? La poésie est création, pas de création
sans liberté ni démocratie. Il fallait que cela
fût dit. Le livre est liberté.
Le temps presse,
soyons
hommes et femmes livres, la formule est de Nicolas Rouzet. Sans les mots quelle
serait ta place au monde ? écrit François Charvet. L’anaconda vient d’avaler le
monde, il n’a pas d’yeux. On n’en a pas besoin pour avaler le monde ! Erich von
Neff est plein de surprises. Dans cet ensemble de textes je ressentais comme
une vacuité. Le retour au ciel au fil des pages n’y était pas pour rien mais
celui-ci n’était qu’une aspiration vers la beauté. Souvent nous nous projetons
dans le ciel comme dans un livre. Ce qui arrive dans un des textes de Pauline
Ségalat, où la jeune femme qui voulait se baigner dans la mer et couverte de
baisers par son amant crée sur son lit la fiction de cette baignade. Femme
livre qui se mire dans un livre !
Des hommes et des femmes livres s’interrogent et se
révoltent au fil des pages ou s’échappent vers ce quelque chose qui m’avait
donné l’impression d’une vacuité. La
liberté, simplement.
EXTRAIT :
miloud keddar
Le
refus
La
pierre aveugle est ce matin blanche, une coulée de lumière. Mais le passant
prudent ne peut accéder à son chemin, la pierre est parfois d’une lumière qui
se refuse.
(Le château de Crussol
est la beauté en ses ruines, celle qui veut qu’en ses hauteurs on ne peut
vivre)
Qu’écrire quand la voie
se refuse, quand le signe est aveugle ?
Le ciel est gris ce
matin peut-être, je ne vois pas le jour, il ne pleut pas entre mes mains.
La ruine est ce qui te
déchire, poésie. Le ciel est blanc cette nuit, pleuvra-t-il demain entre mes
mains ?
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