Préface par Alain Wexler
Enfants jouant dans les ruines
Il fut un temps où les ruines étaient à la mode.
Dans de paisibles paysages avec bergères et amants. Clin d’œil de la mort et de
la machine à moudre de la poussière. Qui visitera ces pages se perdra dans les
contradictions de la vie qui jouit de ses corps à corps avec la mort. Il serait
facile de s’en tenir à cette dernière phrase qui donnerait la meilleure part au
plus fort mais la mémoire est têtue qui s’accroche au fragile parce que plus
digne d’attention et seul motif pour nous guider vers un monde harmonieux. Le
poète ne fera pas la loi. Il réinvente la parole, la relativise à l’infini
parce que celui qui a tout perdu a aussi perdu les mots. Ivan de Montbrison dit
que ses cris sont muets. Il est à noter lors des grandes mutations de la
société aux éclairs de lucidité aveuglante, on a fait l’éloge de la folie
contre le discours des institutions. Gildas Veneau dit que la folie est douce
et la raison dure. J’ajouterai : raison apparente. La mécanique quantique
fut un défi aux croyances communes par exemple !
Nous foulons des ruines à chaque instant. Jacqueline
Persini dit que ton visage grignote la mort. C’est un poème. Le jeu absolu, la
critique absolue. Les enfants qui jouent dans les ruines font partie d’un poème
! Le poème de la critique du temps.
Là est la question. La musique et le poème y sont au
cœur. Ils nous parlent. Ce en quoi le texte d’Assia Ouehbi fait mouche avec ces
secondes qui passent comme des tramways,
soit le temps de l’échange, du poème. Pourquoi pas ? Et cette neige des mots qui fond sur la langue avant d’avoir pu te laisser glisser sur la luge de
leurs cris ! Ou la quête du poème impossible !
Le poème par essence dionysiaque aime l’ivresse.
Chez Céline Escouteloup, c’est la fête, même pour les morts sous les
balançoires des petites filles. Ce que résume Philippe Kowal d’un trait :
«Naître par bévue / Sous l’averse. L’abîme / Danse pieds nus.»
ARLETTE
PERUSSIE
Quelqu’un
me regarde !
Dans
cette maison étrangère
Quand
le jour se retire cette
Présence
Surgit
à la nuit tombée et moi
Seule
dans cette maison qui ne m’est rien
Je
suis à sa merci.
Ce
quelqu’un me regarde
m’observe.
Même
sans bouger Elle est une ombre avide
partout dans le coin devant ta fenêtre
Derrière
mon épaule je sens ce souffle retenu
J’entends
le silence de pas sa transparence
D’où
vient ce frisson du soir ?
Sans
visage sans âge ni homme ni femme
Ni
même étranger cette chose sait tout de moi !
Présence
pesante elle envahit le soir la nuit
La
nourriture de mon âme l’air que je respire
Le
silence c’est elle la lumière de la lampe c’est elle
Les
apparences c’est elle ma voix ?
La
peau du ciel n’y peut rien.
Que
veux-tu inconnu à venir dans mes soirs
Briser
la quiétude des nuits fabriquer des cauchemars ?
Serais-tu
l’invisible remords l’inconsolable
vide ?
Ou
simple témoin de mon propre fantôme
Errant désespéré parce que je suis ailleurs
?
Au sommaire du numéro 162 : Kéva Apostolova, Philippe Blondeau, Marc Bonetto, Laurent Bouisset, Muriel Carrupt, Eric Chassefière, Céline Escouteloup, Paul Guillon, Eric Jouanneau, Milouk Keddar, Philippe Koal, Gérard Lemaire, Lodi, Bruno Lomenech, Munesu, Mabika de Cugnac, Ivan de Montbrison, Eric Von Neff, Cécile Ochsenbein, Assia Ouchbi, Jacqueline Persini Panorias, Grégory Parreira, Aurélien Perret, Arlette Perussie, Christophe Petit, Jeanpyer Poëls Stéphane Robert, André Sagne, Saslac, Eric Savina, Barbara Savournn, William Shakespeare, Gildas Vneau, Paul-Henry Vincent, Frédéric Vitiello.
Au sommaire du numéro 162 : Kéva Apostolova, Philippe Blondeau, Marc Bonetto, Laurent Bouisset, Muriel Carrupt, Eric Chassefière, Céline Escouteloup, Paul Guillon, Eric Jouanneau, Milouk Keddar, Philippe Koal, Gérard Lemaire, Lodi, Bruno Lomenech, Munesu, Mabika de Cugnac, Ivan de Montbrison, Eric Von Neff, Cécile Ochsenbein, Assia Ouchbi, Jacqueline Persini Panorias, Grégory Parreira, Aurélien Perret, Arlette Perussie, Christophe Petit, Jeanpyer Poëls Stéphane Robert, André Sagne, Saslac, Eric Savina, Barbara Savournn, William Shakespeare, Gildas Vneau, Paul-Henry Vincent, Frédéric Vitiello.
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