Au sommaire de ce numéro :
William Shakespeare (traduit par Mermed), Fabrice Farre, François
Charvet, Gérard Lemaire, Marie-Laure Adam, Béatrice Machet-Franke, Clément
Bollenot, Grégory Parreira, Lodi, Nicolas Rouzet, Samaël Steiner, Christian
Belloir, Geneviève Cornu, Bernard Deglet, Patrice Blanc, Céline Maltère, Jeanpyer
Poëls, Michel L’Hostis, Olivier Millot, Stéphane Casenobe, Elisabeth Rossé, Stéphane
Robert, Pascal Mora, Mc Dem, Jean-Marc Thévenin, Alain Guillard, Jean-Paul
Prévost, Barbara Savournin, Hubert Fréalle, Jean-Jacques Nuel, Alain Jean Macé.
En salade par Christian Degoutte
Le cinéma par Jacques Sicard
Chronique artistique de Miloud Keddar
Notes de lecture de Jean-Christophe Ribeyre, Valérie Canat de Chizy, Alain Wexler
En salade par Christian Degoutte
Le cinéma par Jacques Sicard
Chronique artistique de Miloud Keddar
Notes de lecture de Jean-Christophe Ribeyre, Valérie Canat de Chizy, Alain Wexler
alain wexler : prologue
Flot des yeux, pierres et chevaux
Ce que je distingue est pris dans un flux incessant, comme
un flot se dessine entre les yeux et leur objet.
Ce flux est le temps que le cheval ne rattrape pas.
Il le suit d’un pas mesuré, calculant l’horloge.
Cailloux roulés sous les flots et les sabots calculent aussi
roues et rouages que le temps perd en chemin.
Tu ne perds pas le temps, c’est le temps qui te perd à force
d’ébouler des maisons au milieu des chemins.
De sorte que l’eau compte tes pas sans même t’être levé.
A bien y réfléchir, il n’y aurait qu’une seule façon de
berner le temps, le mimer, danser jusqu’à en perdre la vie !
Notre parole serait-elle de ce goût-là !
Et la vendre avec ses mains ?
Car tout se vend dans la ville barricadée comme une tombe
contre le temps !
Où l’œil veille, l’œil caillou qui ouvre la brèche.
Des yeux veillent au fond de la mer, ceux des chevaux qui
caracolent quand elle se soulève !
Caracolant encore sur les parois des cavernes où les yeux au
feu distant les surprennent.
Ici la mémoire défie le temps qui noie ses chevaux et
confond les chemins avec les rivières.
Note : M’étant lassé des préfaces descriptives je
suis revenu à une pratique déjà éprouvée au cours des premières années de la revue.
Il s’agissait de rédiger un texte (méta-texte, peut-être) inspiré d’extraits,
de bribes des poèmes publiés à chaque livraison. A l’époque je ne cherchais pas
le thème dominant. A présent le voici fil conducteur ou liant.
EXTRAITS
Fabrice
Farre
L’effraie
regagne le tronc...
L’effraie regagne le tronc, le jardin se retourne.
Sur la terre, à la lumière des ombres zèbres,
les cailloux se détachent puis se remplissent,
les flaques sont sèches, tout à coup, de l’irrégularité
de la semaine ; les lacs portent leur fond
où erre le regard, quel que soit le jour promis.
Au pied des ceintures sombres vues sans sommeil
poussent ces haies citadines dont les feuilles
donnent déjà l’étendue d’une macule : c’est dans celle-ci
que s’étend, sans le corps, la conscience de rester.
François Charvet
au bord
traverser pour un autre bord
soutenir son poids
comme la seule mesure à opposer
juste soi
les ailes qui se sont résolues
usées les mots de ne rencontrer un corps
qu’un costume que tu endosses
entre-deux
te tendre jusqu’au prochain
avec peut-être
la chance de perdre pied
Gérard
Lemaire
Je voudrais trouver une issue à la parole
Celle que le vent ne peut pas détruire
Seulement ne pouvant que tracer des ronds
Autour de son rocher battu par toutes violences
Toujours seulement dans une chanson
Ou dans un hymne qui viendrait soudain
Pourtant recommencer dans l’attente et l’extrême du froid.
Avec ce jeu de cubes dans un grenier pour passer les heures
On bricole des bouts de soi-même au hasard
Parce qu’il n’y a aucun autre chemin
L’assemblage des morceaux prend un certain temps
Dans une construction qui à la fin s’écroule
Il faut être têtu sans se décourager dans l’inlassable
Et recommencer devant la placidité des autres
Voir aussi les articles de repérage de Claude Vercey sur le site de la revue Décharge : ici, ici ou là. Ainsi que la note de Patrice Maltaverne sur son blog C'est vous parce que c'est bien.
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