« Je murmure au lilas (que j’aime) » de Valérie Canat de Chizy ; Editions Henry ; 2016
Lecture par Miloud Keddar :
« Je murmure au lilas que j’aime » écrit Valérie Canat de Chizy et moi j’ajoute : je murmure au lilas que j’aime et qui me parle. J’ai rencontré Valérie Canat de Chizy pour la première fois lors de la lecture du 2 février 2018 à la salle Bourgelat à Lyon après de longues années de correspondances et des échanges d’œuvres de l’un et de l’autre. Je lui ai consacré des lectures, toutes parues dans la revue Verso, et, notamment celle en forme de quatrains non à la manière de Ronsard mais de Nâzim Hikmet, le poète turc. Des quatrains pour la lecture de « Entre le verre et la menthe », paru chez Jacques André éditeur. Pour la lecture du 2 février 2018, Alain Wexler disait de Valérie Canat de Chizy : qu’elle écrit « comme derrière une vitre. Sa surdité l’aid(ant) à déchiffrer le monde, son mystère comme ces (et en la citant) « méandres / d’un fleuve / issu de mousse… ».
L’ouïe atteinte, les autres sens s’aiguisent. « Le silence, c’est voir les pupilles du chat se dilater, et comprendre ce qu’il dit sans avoir besoin de parler. » écrit Valérie C. de Chizy. Ou encore de la parole de l’arbre, et Valérie Canat de Chizy d’écrire: « Qu’est-ce entendre ? A quoi ressemble le bruit d’un arbre dans le vent ». Valérie Canat de Chizy « (…) pèse le pour et le contre du silence. ». « Je murmure au lilas que je l’aime. Son parfum embaume de tous côtés ». Et la voilà, elle la poétesse, elle qui est « (…) ici maintenant (pourtant et toujours) dans le silence ». Dans « Le monde du silence (qui) est si beau et menaçant à la fois. Rassurant et peuplé d’ombres ». La poétesse « (…) écoute les battements du cœur. ». J’ai souvenir dans un précédent livre avoir lu de Valérie Canat de Chizy la phase que je cite de mémoire : « J’ai connu des hommes qui m’ont aimée ».
Dans « Je murmure au lilas (que j’aime) », il n’y a pas que la parole liée au silence, il y a les êtres chers disparus. Valérie Canat de Chizy a consacré un livre à son père décédé et l’on retrouve dans le livre en question ici encore une fois des dires adressés au père : « (…) mon père (…) était simplement resté un peu trop longtemps allongé dans sa chambre » et aussi : « Nous sommes assis l’un en face de l’autre et nous parlons en buvant du vin. » (le vin de la complicité, vin du silence dès qu’on le boit, vin de l’au-revoir. « Ecouter l’oiseau intérieur. Monter les marches menant à la colline, le cimetière où est enterré mon père ». Deux pages plus loin, Valérie écrit : « Tu es retourné au silence maintenant. ».
Le livre « Je murmure au lilas (que j’aime) » me semble être dans la modernité car je laisse toujours entendre que la poésie contemporaine ne parle pas seulement de la perte mais se doit de parler de La perte de la perte. Valérie Canat de Chizy, après avoir évoqué la mort du père, écrit : « Fermer les yeux, voir les yeux du chat, pleurer à l’intérieur de soi, sentir dans sa poitrine qu’il ne sera bientôt plus là. ». Valérie dans « le désert des paroles » murmure toujours au lilas qu’elle l’aime et sent le parfum qui embaume de tous côtés toujours. C’est ça être à l’écoute du monde pour Valérie Canat de Chizy !
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