Jacques Morin parle de Verso sur le site de la revue Décharge :
"Il fallait dans cette rubrique mensuelle saluer la revue Verso qui a atteint les quarante années d’existence (en même temps que Po&sie, Arpa, et Interventions à Haute Voix, toutes nées en 1977, comme le rappelait Georges Cathalo ici même, le 11 mai dernier).
Verso maintient le rythme et garde cette longévité avant tout grâce à Alain Wexler, directeur de la publication, certes, mais aussi actif sur tous les fronts et à la manœuvre comme il l’indique d’ailleurs dans l’ours initial : maquette, travail à la presse & reliure. L’on ne peut faire abstraction de cette association entre le lecteur et l’imprimeur en un seul et même homme, qui représente le revuiste parfait, sans lequel malgré une rédaction d’une quinzaine de membres, rien ne serait, avec cette régularité métronomique. (On peut citer aussi Jean-Pierre Lesieur sur le même plan avec Comme en poésie).
Alain Wexler tend, dans son prologue, à s’inspirer de ce qu’il va proposer, cette somme de pages diverses de tant d’auteurs différents. Il peut ainsi citer ou paraphraser tel ou tel. Il saura toujours trouver un thème assez large pour y inclure tout le monde. Cette fois : Gouffres, celui d’avant : j’aimerais te connaître, et à partir de là y mettre sa propre musique : Pas de plus grands gouffres que ceux creusés par les miroirs…
Verso, pour le reste, demeure surtout une « revue catalogue », à savoir qu’elle présente chaque fois bon nombre d’auteurs, plus d’une trentaine à tous les coups. Lesquels se répartissent entre une et six pages. Ce qui, en général, est assez sommaire pour faire connaissance avec un auteur, mais la revue publie assez régulièrement les mêmes, tout en s’ouvrant à de nouveaux, ce qui est de bonne politique pour se maintenir et progresser. Certains choix sont, à mon sens, très limites, et ne méritent pas, en l’état, la publication ; je pense en particulier, aux besogneux faiseurs de vers, qui en sont encore aux alexandrins vernis et rutilants d’un autre siècle décidément, et aux diseurs de rien du tout, qui font étal d’un vide qui, pour le coup, rentre bien dans la thèmatique du n°. Mais passons sur la queue du peloton, la qualité heureusement demeure ailleurs.
Basile Rouchin donne un texte accrocheur d’entrée de jeu. Stéphane Casenobe change le sens du format avec son texte en majuscules et ses pauses aléatoires dans les vers. Jacques Vincent termine son texte commencé dans le numéro précédent. Murielle Compère-Demarcy aime les échos, les itérations et les mots-valises : uluberluesques… Roger Carbonnier se fait fabuliste. Line Szöllösi : Le viaduc multiplie le ciel à travers ses arcs / avance de son pas de pierre… Ivan de Montbrison : Nous marchons doucement avec les yeux fermés dans les paumes de nos mains de peur de réveiller les morts… Marc Bonetto livre ses notes d’un journal à la fois fantastique et captivant. Alain Guillard, un habitué de Verso, n’offre que trois pages mais aussitôt on est happé par son univers lorsqu’on le connaît. Michel Gendarme écrit des paragraphes sonores et haletants. Jean Donat donne une prose hallucinée…
Viennent après la présentation des auteurs, toujours précieuse pour les situer, les chroniques : Cinéma par Jacques Sicard. « J’ai filmé Bernard Noël » par Thésée, très intéressante pour saisir un peu le grand poète de l’intérieur par quelqu’un qui a l’œil. Miloud Keddar parle d’un peintre : Charles Marcon, mais quel dommage de ne voir qu’une reproduction en noir et blanc ! Le grand moment reste évidemment la chronique de Christian Degoutte, toujours pointue, fine et drôle, un orfèvre de la chose, et ce depuis quarante ans ? (Après Claude Seyve et Christophe Petchanaz, me précise Christian...) Lectures de Jean-Christophe Ribeyre, Valérie Canat de Chizy, Alain Wexler…"
Verso, c’est solide et increvable !
6 €, le n°. Et 22 €. l’abonnement(4 n°/an).
547 rue du Genetay – 69480 Lucenay.
547 rue du Genetay – 69480 Lucenay.
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